MASS EUPHORIA commence par une improvisation collective qui ne laisse rien présager de la suite, sauf pour celui ou celle qui lira cet article jusqu’au bout, avant d’avoir écouté l’enregistrement sur une plateforme de diffusion en streaming ou, encore mieux, avant d’avoir acheté puis écouté en entier l’album NO MONSTER de Matthieu Rosso Red Quartet !
Matthieu Rosso introduit à la guitare un pattern lancinant mais des aliens semblent brouiller la communication. Votre système de son est peut-être défectueux. Vous avez peut-être été touchés par des fréquences destructrices. En fait, si vous commencez à percevoir un bourdonnement, ne vous inquiétez pas ! Les plus sensibles peuvent décrocher et aller se mettre à l’abri. Les plus curieux peuvent poursuivre l’écoute.
Après 2 minutes, exposés aux radiations, les plus résistants constateront d’eux-mêmes qu’ils commencent à se balancer. En fait, ils sont hypnotisés. Ils dansent en compagnie d’une basse dans l’extrême grave, grondante et inquiétante, comme celle que Jean-Philippe Morel aime projeter. Si vous souhaitez rester sur ce groove et filer à d’autres occupations, il suffit de faire un «fade out» à la troisième minute du titre. Mais si vous écoutez encore Mass Euphoria, sachez quand même que vous venez d’effectuer tout juste la moitié du chemin.
C’est le moment choisi pour asséner un solo de guitare sur une rythmique presque swing portée par Rafael Koerner. Le repos n’est que de courte durée. La basse réapparaît, encore plus menaçante. Elle est prête à tout balayer sur son passage. Le thème principal surgit enfin puis laisse sa place à un solo très Colemanien de Denis Guivarc’h. Vous trépignez et tout le monde jubile.
Il est grand temps de se quitter. Mass Euphoria semble se désagréger progressivement. Le silence est là. L’album s’achève. Profitez bien de quelques minutes au calme pour mesurer sa portée et sa force.