LOOK NORTH

Gary Brunton, Daniel Beaussier et Célestine de Williencourt forment un tout nouveau un trio riche de leur polyinstrumentisme, de la forte présence de la voix et de l’improvisation. Une approche narrative, chambriste et lyrique pour du jazz contemporain de création.

LOOK NORTH, premier album du trio, est voyage composé d’œuvres originales qui évoquent de grands espaces, ceux des terres du nord. Une invitation à la découverte.

Gary Brunton (contrebasse, tabla) évolue en compagnie de Daniel Beaussier (hautbois, clarinettes, flûtes, saxophones, cor anglais) et de Célestine De Williencourt (voix, flûtes). Ils forment un trio unique, où chaque instrument prend part à une conversation musicale fluide et organique. La diversité des instruments et des influences des musiciens (Jimmy Giuffre, John Surman & Karen Krog, Jim Hall, Carla Bley), crée une atmosphère riche, à la fois intimiste et expansive, où l’improvisation joue un rôle central.

L’album débute avec Coldstream, une pièce marquée par les souvenirs de Gary Brunton dans cette petite ville écossaise proche de l’Angleterre. « Ce sont ces souvenirs d’enfance qui m’ont inspiré pour composer cette mélodie », explique-t-il, évoquant le fleuve Tweed et les images d’une jeunesse bercée par la nature. Ce souvenir intime se fait plus personnel avec Ata, une composition dédiée à sa fille Loreta. Le titre, qui signifie « au revoir » en letton, capture la vitalité et le parcours de Loreta, qui a été adoptée en Lettonie.
Islande en Vue est une transition poétique, presque un haïku sonore, qui exprime l’émotion que Daniel Beaussier ressent chaque fois qu’il s’approche de l’Islande, sa « 2e patrie depuis 1986 ». « Quand le ciel est dégagé, c’est magnifique et impressionnant », confie-t-il, évoquant une terre empreinte de beauté sauvage. Cette impression de grandeur et de solitude se poursuit avec Findlater Castle, un morceau inspiré par un château écossais légendaire et maintenant en ruines. « Cette composition a été adaptée de ma pièce précédente avec Nightbus « Two wrongs don’t make a right » qui traitait la peine de mort aux Etats Unis », raconte Gary Brunton, soulignant que le morceau fait écho aux conflits de guerre actuels.

L’album prend un tournant plus introspectif avec La Quadrature du Cercle (Polaire), où Daniel Beaussier explore le contraste entre deux mondes musicaux. « Les cercles étant parfois polaires dans le nord, mais aussi souvent ceux des humains constituant tout projet d’art et vie », explique-t-il. La première partie, rapide et contemporaine, se mêle à une seconde plus lente et mélodique, un défi de fusion des opposés que le trio aborde avec maestria. Le voyage se poursuit avec A Shrine in Your Home, une pièce en hommage au pianiste Michel Graillier : « Michel partageait avec Chet Baker la maîtrise de l’art de la ballade, la beauté musicale, le bon goût et l’usage de l’espace », se souvient Gary Brunton, exprimant sa gratitude envers un mentor qui a marqué son parcours musical.

En suivant le fil de ses inspirations et de ses influences, le trio rend ensuite hommage à Kapil Dev, une composition dédiée à l’un des plus grands joueurs de cricket de tous les temps. « C’est rare qu’un sportif des classes moyennes monte au sommet du cricket indien », confie Gary Brunton, célébrant la détermination et la réussite de Kapil Dev, qui a marqué sa jeunesse. Ce morceau sert de prélude à La Berceuse de l’Heur, une chanson douce-amère de Célestine de Williencourt, pour une amie disparue accidentellement. « Cette chanson est aussi un hommage à toutes les personnes qui croisent ma vie », admet Célestine, en abordant le deuil, la sérénité et la nostalgie dans une composition empreinte de clair-obscur.

L’album prend ensuite un tournant plus expérimental avec Raga for My Lady et Taj Mahal Gardens de Daniel Beaussier. À partir de l’introduction au tabla joué par Gary Brunton et des entrelacs de flûtes en ut et en sol, émerge une improvisation qui évoque humblement les sonorités de la musique classique indienne, invitant à un autre voyage à imaginer. Cette exploration musicale aboutit à une courte composition en trois fragments, empreints d’une essence résolument impressionniste.

Vient ensuite Lost in the Masked Crowd, une oeuvre de Célestine de Williencourt, une réflexion sur l’isolement et le masque que chacun porte pour se cacher. Après cette plongée au coeur de l’âme, Gary Brunton nous ramène à une expérience plus sensorielle et ancrée dans le réel avec Fresh Fish, composition inspirée par un séjour chez son oncle en Écosse et une session de pêche au port de Cullen.

Le morceau suivant est une suite de Daniel Beaussier, Chemins d’Islande, 4 Impropositions, 4 photos évocatrices nommées Reykjanes, Skógafoss, Mýrdalssandur et Skaftafell. Le trio nous plonge dans un univers volcanique et mystique. « La route de Reykjavik vers un village au sud offre d’innombrables lieux magiques », explique le compositeur. En musique, il évoque les volcans, les glaciers, les plages de sable noir et des cascades majestueuses.

Enfin, Lindisfarne Horizon de Gary Brunton, nous mène à Holy Island, au pied du château de Bamburgh, en Northumbrie. Le lieu est marqué par l’histoire et les guerres entre Écossais, Anglais et Vikings. « Encore une destination de mon enfance qui m’a laissé une forte empreinte dans mon imaginaire », conclut Gary Brunton, soulignant que cette mélodie clôt l’album sur une note empreinte de nostalgie et de sérénité, en rappelant que chaque paysage, chaque lieu, est un miroir de notre propre histoire.