QUIET BLUE

QUIET BLUE du trompettiste et œnologue Thibault Renard est un album Jazz acoustique, organique, né de l’air, du bois et du temps, à l’image d’un grand cru.

QUIET BLUE se révèle comme une œuvre profondément nuancée, jazz, délicate et spontanée, enregistrée sur une seule journée au Studio de Meudon. Ses compositions semblent avoir mûri avec la lenteur patiente d’une nature qui prend son temps, pourtant, elles surprennent par leur apparition soudaine, telle une fleur qui éclot sans crier gare. Cet album de Thibault Renard est imprégné de la sève d’une vie humaine, celle d’un artiste qui s’efforce de tenir bon, face aux vents contraires.
L’existence même de cet opus est indissociable de la contribution de David Sauzay (saxophones soprano et tenor), Daniel Gassin (piano), Mauro Gargano (basse) et Andrea Michelutti (batterie). Leur art de l’improvisation, leur écoute immédiate et leur sensibilité remarquable ont insufflé une vie palpable à chaque morceau.

Dans « Quiet Blue », Thibault Renard ne se contente pas de composer, il sculpte des explorations poétiques et sensorielles. Chaque morceau s’ouvre comme une fenêtre sur des paysages intérieurs et extérieurs, offrant des réflexions profondes sur l’existence et des éclairs de sensations fugaces.

L’album débute avec « Shifting Tones« , une pièce vibrante qui capture l’essence d’une vie. Dès les premières notes, le ton est donné : un jazz moderne, tout en swing et en subtilité. Ensuite, « Blue Hills » nous transporte avec une composition évocatrice d’une nage infinie. Les reflets de l’eau sur un sol carrelé se mêlent à l’image d’un nageur traversant collines et plaines. C’est un appel lointain, une promesse de lumière, de chaleur, de calme et de volupté, portée par une musique suave et sauvage émanant des brumes.

« Scratch That » nous plonge dans une ambiance de montagnes russes aériennes, décrivant un vol acrobatique à travers les nuages. Son titre, faisant référence à un frottement sonore intrigant entre la basse et le piano en introduction, exprime un sentiment d’urgence palpable. La pièce éponyme, « Quiet Blue« , dépeint l’image puissante et brute d’un « méga incendie » de forêt, un moment de force naturelle inouïe.

L’album prend une tournure plus légère avec « Knuckle Samba« , une pièce pleine d’humour dédiée au pianiste Leonardo Montana. Décrivant des bébés qui rampent puis se rassemblent, le titre est une plaisanterie espiègle sur le son qu’un pianiste aurait pu produire en jouant avec ses phalanges à l’époque préhistorique. « Time Vagabond » nous invite à une randonnée imaginaire à travers des décors qui changent instantanément, suggérant de se percevoir comme un touriste spatio-temporel pour adoucir le jugement sur un quotidien parfois absurde.

Avec « Body & Truth« , Thibault Renard explore des figures télescopiques en développement infini, abstraites et géométriques. Ce morceau questionne la quête de vérité, postulant qu’elle pourrait résider entièrement dans notre corps, ce même corps qui nous relie à l’univers. « Antique Blues » invite à une méditation sur les origines du blues, imaginant les premiers sons joués par l’humanité dans des temps reculés.

« Sweet Rise » évoque une surface lumineuse balayée par des ombres douces et dentelées, comme des branchages. Ce titre exprime le sentiment rare et irrésistible d’harmonie avec le Tout, une plénitude intérieure comparable à un lever de soleil.

Enfin, « Shifting Tones Reprise » clôture l’album, nous permettant de redécouvrir le thème d’ouverture sous un autre angle, confirmant la tension délicate entre l’abîme et la lumière, et la fragile beauté de l’équilibre.

Ces compositions forment un ensemble cohérent et profondément personnel, où chaque note est imprégnée de l’histoire et de la sensibilité de Thibault Renard. Ouvert à toutes les musiques, il nous offre « Quiet Blue » avec la certitude que son Jazz est, à juste titre, pour tous.