Bastien Cazimajou

Ni!L présente l’album « Saṃsāra », oeuvre cathartique pour le duo du Sud-Ouest : du «home-made» qui sonne fort, de l’indie-rock qui fait du bien.

Saṃsāra est un album de rock stoner, un brin garage et grunge, chanté en français.
Pour Ni!L, le saṃsāra est le reflet d’une soif d’existence, de renaissances successives. Les 10 titres sont des étapes d’un voyage sans fin où chacun rencontre des hauts et des bas de la vie, tout en cherchant la libération. Des cycles de souffrance et de renaissance se succèdent. Inspiré par des sonorités sombres ou claires, mais aussi par la poésie et la spiritualité, Ni!L offre un album minutieusement songé mais tout en spontanéité, sans fioritures pour garder l’impact et la souplesse d’un bînome, la puissance d’un tandem. La formule est assez surprenante mais le résultat confirme que tout est possible avec du temps, les pieds sur terre et la tête dans les nuages.

Chaque titre est une métaphore qui explore des thèmes profonds de notre époque. Une première particularité ouvre l’album : « Smarana« , qui signifie «se souvenir» en Sanskrit, est le trait d’union entre l’ancien son de Ni!L et le nouvel équilibre à deux. Des samples des deux précédents albums autoproduits sont intégrés ici et là tout au long du titre instrumental, comme une mise en abîme de la transition : d’un album à l’autre, d’une plage à l’autre, mais aussi d’un état à l’autre, physique ou émotionnel.

« Bardenas« , le premier single présenté mi-juin, évoque la traversée personnelle du désert, le voyage intérieur, ainsi que la quête de connaissance, de vérité et de sens.
Dans une parfaite «tradition grunge», la dépression dissimulée (En Surface), la folie des relations hommes/femmes et le harcèlement moral (Le Banquet), ou encore l’emprise des relations toxiques et la difficulté à s’en libérer (Entaille), sont autant de sujets sociétaux abordés plus ou moins frontalement.

« Serveur » nous rappelle l’importance des relations humaines authentiques dans un monde qui évolue au rythme des réseaux finalement antisociaux. Il nous incite à débrancher la prise et s’éloigner de ces poisons 2.0 qui gangrènent la toile.
« Sunyata« , titre instrumental, sert de lien avec «Tamiser», morceau à l’esthétique plus heavy, mettant en lumière les conséquences dévastatrices du changement climatique sur notre planète et la frustration face à l’inaction collective.

Alors oui, les sujets sont lourds (Entaille) et reflètent une société souvent abusée. Pourtant, l’approche de Ni!L est presque réconfortante. On ne tombe pas dans la terreur. On entend un véritable album de rock indé.
Tel un phare dans l’obscurité, « Toucher le Nord » nous guide sur les sentiers du stoner. Il évoque l’engagement, l’avenir, l’altérité. Ce titre se veut résolument lumineux et dynamique, comme une promesse d’espoir dans un monde tourmenté.
«Saṃsāra» est le titre éponyme qui conclut l’album mais qui signifie également «transition». La musique semble prendre le dessus sur tout (il y aura sans doute une suite, peut-être des existences successives ?).

En résume, l’album « Saṃsāra » est un voyage musical dans une ambiance grunge et sincère. Ni!L invite l’auditeur à plonger dans les méandres de l’âme humaine. Il nous rappelle que nous sommes tous faits d’ombre et de lumière, de joie et de tristesse, d’amour et de douleur.