Juste une Trace

label

Bientôt producteur de lait ?

La situation des labels indépendants comme Juste Une Trace ressemble de plus en plus à celle des producteurs de lait qui payent pour travailler, contraints de vendre à perte à une poignée d’opérateurs, sans aucune négociation et sans prendre en compte le prix de revient… C’est donc un peu ce qui se passe pour les producteurs de musique.

Par Paul Bessone

Comme le streaming a le vent en poupe, le sentiment d’être un producteur de lait s’accentue.

Encore heureux, le «tout streaming» n’est pas encore l’unique scénario.  Le «tout streaming» n’est pas souhaitable pour la majorité des artistes, ni pour un label indépendant comme Juste Une Trace. Il deviendra peut-être l’unique scénario mais certainement pas aux conditions appliquées actuellement. Avec seulement quelques centaines ou milliers de diffusions identifiées par titre, sans pouvoir vraiment contrôler ce qui se passe, sans minimum garanti, sans mise en avant,  perdu comme une aiguille dans une botte de foin (un nom dans un annuaire), que faut-il vraiment faire avec le streaming ?

Si les milliers de diffusions permettaient au moins de vendre quelques albums, la question ne se poserait pas et nous pourrions alors considérer les plateformes de streaming, à défaut de nous rétribuer correctement pour chaque écoute, comme n’importe quel outil de promotion. Mais dans la réalité, convertir du streaming en ventes, c’est aussi facile que de «faire un yams de 6».

Le streaming va inéluctablement se développer, alors pourquoi continuer à acheter quelques albums physiques lorsqu’on dispose d’un accès illimité pour écouter des millions de titres différents ? Selon la dernière étude «Accros de la Musique» de l’Institut des Métiers de la Musique, déjà un quart des personnes qui payent pour écouter de la musique en streaming n’achète plus de supports physiques. Le «tout streaming», tel qu’il se présente, n’est décidément pas encore l’unique scénario économique souhaitable pour tous.

À ce jour, dans l’univers entier, seuls quelques stars, une poignée  d’exploitants de gros catalogues, quelques opérateurs en ligne, les opérateurs téléphoniques, les fournisseurs d’accès, des oligarques du streaming et une poignée de fabricants de hardware et smartphones semblent tirer leur épingle du jeu ou du moins l’envisagent à plus ou moins long terme. Les évolutions technologiques et les modèles économiques qu’ils imposent à tous par la force changent profondément le rapport à la musique et à sa valeur. L’élevage industriel doit-il obligatoirement faire disparaître l’élevage fermier ?

Les qualités sont difficiles à montrer dans un monde qui compte prioritairement sur les quantités pour se rassasier, dans un monde qui a peur de ne pas avoir suffisamment à manger. Pour l’heure, c’est «ACCÈS ILLIMITÉ POUR DES CLOPINETTES» (buffet à volonté), «COMPRESSION À HAUTE DOSE» (sans grande valeur nutritive) et «VENTE À PERTE» imposée par les exploitants comme c’est le cas pour certains produits agro-alimentaires (le lait). Décidément, cela ne peut pas convenir à tout le monde.

Sans débrouillardise, sans ventes directes de supports physiques et sans la compréhension et le soutien de quelques amateurs généralement curieux, avec le streaming comme unique exploitation, nous ne ferions que de la «production à perte».

Pourquoi les réalisations Juste Une Trace sont généralement disponibles en streaming ?

Faîtes un saut dans la boutique du label ! Si vous avez déjà acheté un de nos albums,  n’hésitez pas à les recommander.

Les oligarques du streaming

Des centaines de millions d’utilisateurs plébiscitent le streaming mais il ne serait rentable pour personne ? C’est fou !

– Science-Fiction sectorielle par Paul Bessone –

Évidemment, dans la vie quotidienne, le streaming c’est bien, c’est moderne, c’est pratique et les utilisateurs semblent satisfaits. Théoriquement, tous les artistes et tous les producteurs peuvent s’en servir, bénéficier des évolutions et profiter du streaming pour encore plus et encore mieux diffuser leurs réalisations. Mais comme vous devez vous en douter, l’intérêt financier du streaming ne concerne aujourd’hui encore qu’une minorité d’acteurs, des oligarques.

Dans le secteur de la musique, une poignée d’entreprises exploite d’énormes catalogues. Ces entreprises ont tout intérêt à rassembler les «micro miettes» générées par le streaming. Elles ramassent même quasiment tout. Elles massifient des milliards d’écoutes puis en font des gâteaux industriels. Elles mangent chacune comme quatre, dévorent, avalent, se goinfrent à la chaîne, 24h/24h, en flux tendu et haut débit.

Pour leurs artistes renommés qu’elles flattent ou bichonnent et pour soigner les apparences, elles rouspètent tout de même de temps en temps au sujet des faibles rémunérations que procurent le streaming. Après tout, c’est aussi du commerce et en échange de l’autorisation de mise à disposition de leurs catalogues exclusifs, il faut bien une compensation de base et tenter d’obtenir, au fur et à mesure, toujours plus. C’est de bonne guerre,  mais c’est plus de la chamaillerie pour la forme que pour autre chose. Elles s’arrangent toujours avec les opérateurs de streaming. Elles s’arrangent toujours avec leurs cousins.

Saviez-vous par exemple que les propriétaires ou principaux actionnaires de cette poignée d’entreprises du secteur de la musique, via d’autres fonds, comptes, noms ou sociétés soeurs, sont également copropriétaires de plateformes de streaming ?  En fait, elles font toutes (ou presque) partie de mêmes familles, des fois par alliances, issues du même moule, cul et chemise, tout d’une oligarchie en quelque sorte.

Saviez-vous aussi que des revenus minimum garantis assortis d’avances sont accordés par ces plateformes de streaming à cette poignée de gros fournisseurs de contenus ? C’est presque un jeu d’écritures comptables ou un tour de magie qui permet d’effectuer, avec une main, des placements et des investissements, puis avec l’autre main, de s’accorder des avances et des rétributions (avec une partie des placements et des investissements). Un système un peu complexe, fermé, confidentiel, voire nébuleux, qui contribue peut-être à creuser les pertes desdites plateformes de streaming. Toujours et encore des pertes affichées, donc que des micro miettes à reverser.

En fait, les dés semblent un peu pipés et pour pas mal de temps !

Les oligarques jouent entre eux au streaming et jonglent avec le travail et les emplois des autres. Grâce au streaming, ils peuvent enfin s’affranchir de plusieurs types de fournisseurs, éliminer les stocks, réduire les risques d’une mévente, se passer de détaillants trop lourds, limiter le poids des stars capricieuses, augmenter la valeur des plus dociles. Le streaming est une véritable opportunité pour diminuer la plupart de leurs contraintes. Ils finiront même par se passer d’artistes (« produisez-vous ou trouvez un label, revenez ensuite, on s’occupera du reste… »). Ils changent continuellement de visages comme de personnel et n’attachent pas d’importance aux métiers ou aux secteurs d’activités. Ce sont des mutants qui réalisent des opérations. En général, au bout d’un certain temps, ils délaissent le jouet et s’en détachent pour aller prendre celui du voisin. Ils tolèrent encore les organismes ou sociétés de gestion collective pour se délester de tâches juridico-administratives complexes et traiter des millions de données à leur place (jusqu’au jour où…). Ils se concentrent sur le porte monnaie de l’utilisateur et débordent d’imagination pour obtenir le sésame tant convoité : une autorisation de prélèvement bancaire.

Au regard des modèles économiques qu’ils développent, la musique n’aurait plus grande valeur. Les consommateurs l’entendent bien et sont quelque peu désorientés. Certains pensent même que la musique est gratuite.  Selon l’étude « Accros de la Musique » de l’Institut des Métiers de la Musique, 26% des gens qui déclarent ne pas pouvoir vivre sans la musique n’ont pourtant pas dépensé le moindre sous pour elle durant les douze derniers mois.

Au bout du compte, les consommateurs prendront des abonnements pour écouter de la musique ou du moins pour avoir un accès illimité à une banque de données musicales. C’est clairement le service que les utilisateurs payeront, pas la musique. Les opérateurs de streaming permettront aussi de vendre de nouveaux équipements, toujours pas de la musique. Les oligarques s’enrichiront encore ainsi.

Et pour la majorité de ceux qui continueront à créer et à produire des enregistrements (sous réserve d’être bien identifiés), les plateformes de streaming en déficit ne reverseront que quelques micro miettes. C’est un scénario qui tient la route.

C’est bien joué pour une poignée d’oligarques mais c’est tout de même un peu violent pour des milliers d’artistes, d’artisans, d’ouvriers, de femmes et d’hommes qui veulent vivre de leur travail et ne pourront se résigner bien longtemps et aussi facilement à produire à perte des albums.

Mais rassurons-nous, le «tout streaming» n’est pas encore l’unique scénario.

Une histoire à suivre…

En attendant, n’hésitez pas à prescrire les pépites Juste Une Trace

Des pépites dans la boutique

Avant d’acheter un bien culturel, le consommateur doit se nourrir, se loger, se vêtir, subvenir à ses besoins primaires et si possible à ceux de son entourage. Viennent ensuite les moments de divertissements individuels ou collectifs, du «gratuit» (mais il y a toujours des dépenses) au «très onéreux» (à la limite du luxe et de l’abus). Le consommateur doit donc effectuer des arbitrages souvent dictés par des disponibilités tant financières que physiques.

En France, le prix moyen d’un album est passé de 14,41 euros TTC en 2008 à 13,38 euros TTC en 2014 (soit -7,1% source GFK) mais en six ans, le marché a globalement perdu un quart de sa valeur, un quart de son volume. « Vendre moins cher pour vendre plus … », ou vice versa, ne s’applique pas systématiquement ! Les points de vente réduisent ou ferment les surfaces allouées au disque, les tirages et les mises en place sont de moins en moins conséquents. La corde est de plus en plus tendue. Et bien évidemment, il reste encore moins de place qu’avant en magasins pour des labels comme Juste Une Trace.

Alors encore heureux que nous pilotons notre « transition numérique » en développant et consolidant le site Juste Une Trace. Car même si nous sommes disponibles en ligne ailleurs, sur de nombreuses plateformes via plusieurs « partenaires », c’est bien sur ce que nous proposons en direct que nous devons nous concentrer et vous parler. C’est logique puisque nous trouvons même sur la toile de vilains spéculateurs louant des espaces de vente à de célèbres acteurs afin de proposer nos productions à des tarifs carrément prohibitifs. Par exemple, plusieurs albums du label sont proposés à plus de 60 euros l’exemplaire via le site d’une enseigne jadis très honorable alors que nous proposons une même production à 12,00 euros TTC. Comble de l’histoire, les vilains spéculateurs ne nous reversent rien.

Nous devrions bénéficier d’un droit de suite : un % sur les montants générés par les reventes de nos productions. D’autant plus que nous soupçonnons ces vilains spéculateurs d’avoir aussi bénéficié d’exemplaires gratuits distribués pour la bonne cause (la promotion). Lorsque l’on fait du tirage limité, du «Juste Une Trace», c’est important ! Y compris en terme de parasitage et d’image.

Parallèlement, pour quelques personnes, acheter un album en téléchargement payant est devenu presque aussi ringard que d’acheter un CD. Côté «streaming» et malgré notre bonne vue et notre bonne volonté, nous n’arrivons toujours pas à compter et trouver quelque chose avec autant de chiffres derrière la virgule.
Alors même si dans une certaine mesure, et parce qu’ils sont moins populaires qu’avant, les CD sont considérés «dépassés» par certains leaders d’opinions (y compris et notamment par des médias en ligne qui pourtant nous réclament encore des supports physiques pour parler de nos «contenus»), ils contribuent encore grandement à maintenir  l’économie d’un projet musical et puis sont tout de même bien plus sympathiques à offrir qu’un fichier compressé, qu’un abonnement pour éviter les publicités ou qu’une carte prépayée sans goût.

C’est bientôt le temps des fêtes et nous avons quelques pépites dans la boutique. Soyez curieux !

Et comme nous aussi nous aimons faire des cadeaux : nous renouvelons «Découverte pour les curieux» !

Vous choisissez 1 album CD acheté sur le site du label

et vous recevez 2 albums CD du label !

En clair, vous recevez l’album de votre choix ET l’album de notre choix pour généralement 14 euros ttc frais de port inclus.

Si vous appréciez le 2ème CD, vous pourrez tout simplement le garder et continuer à l’écouter = le cadeau !

Si vous n’appréciez pas cette surprise, vous pourrez l’offrir à quelqu’un que vous aimez (ou que vous n’aimez pas) !

MERCI DE PARTAGER CETTE INFORMATION et RV dans la boutique

Cette offre est valide 24h/24 du 23 novembre au 18 décembre 2015 dans la boutique du label sur toutes les références mais dans la limite des stocks disponibles.

RADIOSAX par Thibault Joyeux_projet2

Traces de streaming

Pourquoi faudrait-il acheter un abonnement à un opérateur de streaming pour écouter de la musique en ligne ? Après tout, écouter de la musique via une plateforme, c’est un peu comme écouter une playlist radio. Qui paye pour écouter la radio ? Afin de multiplier le nombre d’usagers, les plateformes se lancent donc dans l’illimité gratuit partout et adoptent, de fait, des modèles proches des opérateurs radiophoniques. À moins de lui offrir des avantages exceptionnels (qualité du son, rédactionnel, exclusivités…), l’usager ne voudra pas payer pour écouter.

Théoriquement, pour se permettre d’offrir l’écoute, les opérateurs de streaming doivent avoir le plus grand nombre d’usagers qualifiés puis doivent obtenir une valorisation auprès d’annonceurs acheteurs de contacts ou bien utiliser les diffusions pour vendre d’autres choses. Comme le tour n’est pas joué, les plateformes de streaming, en attendant, ne proposent pas grand chose à leurs fournisseurs de matière première (les auteurs, les artistes, les producteurs, les éditeurs). L’insatisfaction se généralise et devient globale. Faut-il inéluctablement et à n’importe quelle condition être sur Spotify, Deezer, R-dio, etc… ?

Dans les années 30, les ventes de partitions et de disques s’effondrent … C’est la crise ! Les opérateurs radiophoniques prennent la main, portés par leur nouvelle technologie, ne reversant quasiment rien aux titulaires de droits et finissant même par acquérir des catalogues …

D’un point de vue technologique et tout simplement pratique, tout le monde s’accorde pour affirmer que l’avenir de la diffusion de musiques enregistrées devrait passer par le streaming. Une évidence ! Cela ne veut pas dire qu’il faut répéter toute l’histoire. Les fournisseurs de matière première (les auteurs, les artistes, les producteurs, les éditeurs) disposent aujourd’hui de droits mais aussi de moyens pour diffuser à l’échelle planétaire. Ils peuvent même offrir gratuitement les diffusions si cela permet de générer des ventes ou des revenus indirects.

Pour l’heure, le streaming économiquement rentable, c’est une drôle d’affaire. Mais ce n’est pas l’affaire de tous. Les modèles proposés reposent sur la taille des catalogues et la forte notoriété de quelques artistes. Tout est basé sur la massification des données et le volume dans l’espoir d’avoir des annonceurs et de l’audience. Les opérateurs proposent encore des formules hybrides, avec ou sans pub et s’efforcent de dire qu’ils représentent l’avenir, le seul. Bien évidemment, des investisseurs sont sensibles à ces discours.

Pour l’artiste en développement qui a quelques milliers de fans ou le label indépendant qui ne compte qu’un nombre limité de références plutôt confidentielles, le streaming aux mains de quelques opérateurs tiers ne peut pas représenter une véritable source de revenus. Au mieux, sur les plateformes de streaming vidéo, il s’agit d’un moyen de promotion… et encore… Pour le label Juste Une Trace par exemple, en 2013, un titre diffusé en streaming génère en moyenne 0,006 euro. Il faudrait plus de 80.000 diffusions en streaming «payant» pour financer le salaire d’un seul musicien pour une seule journée de travail en studio d’enregistrement … Par ailleurs, la présence sur les plateformes de streaming n’a pour l’instant aucune incidence positive ou négative avérée sur les ventes de musiques enregistrées ou même le référencement. Les plateformes ne sont pas vraiment des lieux de découvertes et les mécanismes de prescription et de partage sont avant tout virtuels : les utilisateurs cherchent et espèrent trouver ce qu’ils connaissent déjà. Dans ces conditions biens réelles, les modèles économiques proposés aux fournisseurs de matière première sont encore nocifs.

La situation n’est pas tout à fait la même pour tous. Une major obtiendra généralement un minimum garanti d’une plateforme de streaming pour la mise à disposition de son catalogue. C’est au moins cela de pris (si la facture est honorée). Les acteurs du streaming ont besoin de nombreuses références et de la notoriété des catalogues majors pour attirer la masse. Par contre, un indépendant ne percevra rien pour la mise à disposition de son catalogue sur la plateforme de streaming. Il faut contribuer gracieusement et avec le sourire… Isolément, l’artisan indépendant ne représente jamais grand chose. Il fait partie d’un ensemble pour la plateforme : un ensemble qui pèse, une addition de micro-miettes, une valeur ajoutée en terme d’image.

Pour l’artiste en développement ou le label indépendant, les modèles économiques de ces opérateurs correspondent à des offres d’exploitations où ils seront toujours déficitaires. Les dépenses directes ou indirectes relatives à la mise à disposition d’un répertoire sur les plateformes de streaming actuellement opérationnelles sont bien plus importantes que les gains potentiels même en cas de succès planétaire. Plus concrètement, le label attendra plusieurs mois des relevés qu’il ne pourra même pas contrôler. Rien que la gestion correcte desdits relevés de diffusion lui coûte plus que ne rapportent lesdites diffusions, sans parler des heures passées à promouvoir ces mêmes écoutes, à transférer des url et créer des liens pour développer une audience et surtout le trafic sur des plateformes tierces… sans même en être actionnaire. Alors faut-il vraiment s’investir dans ces entreprises ?

Finalement, l’économie du streaming ressemble nettement à celle de la radio des années 30 … mais avec encore moins d’opérateurs, une plus forte concentration, moins de droits, et sans doute plus de frustration. L’Eldorado annoncé à grand renfort de marketing n’est pas à partager. Du coup, il n’est pas certain que l’avenir d’un label comme Juste Une Trace passe par une présence permanente sur les plateformes de streaming détenues par quelques opérateurs.

sq4

  • Vous voulez nous joindre ?

    pour votre projet, pour avoir des informations, pour un partenariat ...