Juste une Trace

Marco Neves

Hear Me Calling par Treponem Pal

« Hear Me Calling » est un titre du guitariste-chanteur Alvin Lee. Il l’a composé pour son groupe originaire de Nottingham Ten Years After. « 10 ans après »… Drôle de nom pour ce groupe anglais de blues/rock. Nous sommes en 1966, la formation, qui a déjà changé de nom plusieurs fois depuis 1962, s’installe à Londres et se donne un coup de neuf en adoptant une nouvelle dénomination. Pourquoi « Ten Years After » ? A priori pour célébrer le 10ème anniversaire de la naissance du Rock’n’Roll ou plutôt pour célébrer l’avènement d’Elvis Presley.

ten-years-after-cover-stonedhenge« Hear Me Calling » est d’abord sorti sur un 45t fin 1968. Dans certains pays (dont la France, l’Allemagne, l’Angleterre, les États-Unis…), il est sur la face B du support. « I’m Going Home » est sur la face A et doit révéler le groupe. « Hear Me Calling » figure sur l’album « Stonedhenge » enregistré du 5 au 13 septembre 1968 aux studios Decca (Londres) et entièrement produit par Mike Vernon (David Bowie, John Mayall, Champion Jack Dupree…). L’album est commercialisé en février 1969 et fait un flop… Durant l’été de la même année, après ses passages remarqués notamment au Newport Jazz Festival, au Seattle Pop Festival et à Woodstock, Ten Years After prend son envol un peu partout.

Slade
Slade

Mais c’est une version interprétée par un autre groupe anglais qui va imposer « Hear Me Calling » comme un véritable hymne rock.
Le titre figure en 1972 sur le premier album du groupe Slade : « Slade Alive !». Un album produit par Chas Chandler (bassiste des Animals) qui comporte une majorité de covers dont « Born To Be Wild » de Steppenwolf.

Presque 50 ans après sa création par Alvin Lee, Treponem Pal reprend « Hear Me Calling ». Le groupe voulait faire un joli clin d’œil à l’auteur. C’est aussi une belle façon de fêter le 30ème anniversaire de Treponem Pal, tout en se faisant plaisir. Treponem Pal est passé maître en la matière pour créer des covers intemporels et sa version de « Hear Me Calling » décape. Elle est simple, pleine d’énergie et de vie. Les guitares sont grasses, la voix est chaude. Tout devient évident.

Hear me calling
Hear me calling loud
If you don’t come soon

L’album Rockers’ Vibes avec cette version de Hear Me Calling est disponible  ici

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Tom Waits par Treponem Pal

tom-waits-franks-wild-years-coverQui pouvait s’attendre à une reprise d’un titre de Tom Waits par Treponem Pal ? Rien que l’idée est surprenante. Pourtant, ici, les différences entre les émotions que les artistes peuvent créer ne sont pas si grandes. Comme Tom Waits, Marco Neves a une voix distincte, abrasive, corrosive et rugueuse à souhait. Comme Tom Waits sait le faire, Treponem Pal réussit à créer une ambiance théâtrale, tout aussi loufoque et proche du burlesque. L’adaptation magistralement orchestrée présente une succession de couches, de couleurs et d’influences. Tout est là ! Tom Waits ne devait pas s’attendre à une nouvelle version de « Way Down In The Hole » après celles réalisées pour le générique de la série télévisée The Wire durant cinq saisons, notamment par Steve Earle, The Blind Boys of Alabama et The Neville Brothers.

Initialement, « Way Down In The Hole » (laisse-le au fond du trou) est un blues de Tom Waits qui figure sur son album Franks Wild Years (1987). L’album, dont le sous-titre est « Un Operachi Romantico In Two Acts», est issu d’une comédie musicale de plus de 3 heures présentée à Chicago l’année précédente.

tom-waits-4La composition est dépouillée, un authentique Blues. Vous savez ! La musique du diable ! Robert Johnson n’est évidemment pas loin. Du reste, il est fort probable que Tom Waits se soit directement inspiré de la légende pour écrire les paroles de Way Down in The Hole. Souvenez-vous ! Robert Johnson a bien croisé le diable à Clarksdale… Nous sommes dans la tradition et la mort mystérieuse de Robert Johnson, comme par hasard à 27 ans, est dans tous les esprits. Tom Waits nous conseille de surveiller nos arrières, de rester dans le droit chemin, de ne pas céder à la tentation, de laisser le diable au fond du trou…

Treponem Pal nous livre un cover inattendu, saisissant et fidèle à l’univers de Tom Waits. Marco Nevès prêche dans une ambiance mi-blues, mi-tango, décalée, lourde et comme toujours, envoûtante. Les guitares sont évocatrices et précises. Le métal n’est jamais loin mais le blues apparaît finalement comme limpide. Les genres se superposent et s’assemblent pour former un tout de cuir et de velours.

Way Down in The Hole par Treponem Pal est sur l’album Rockers’ Vibes : disponible  ici
Marco Neves - Treponem Pal - photo Edith Gaudy
Marco Neves – Treponem Pal – photo Edith Gaudy
Crossroads – Clarksdale – photo Edith Gaudy

Some Velvet Morning par Treponem Pal

Some Velvet Morning est un morceau de pop, un brin psychédélique, écrit et composé par Lee Hazlewood. À l’origine, le titre est interprété par Lee Hazlewood et Nancy Sinatra. Il est tiré de l’album et de la série télévisée Movin’ With Nancy (1967).

Lee Hazlewood et Nancy Sinatra n’en sont pas à leur première collaboration et sont même à l’origine d’un autre classique de la pop américaine : « These Boots Are Made For Walkin » (1966). On les appelait alors souvent « the Beauty and the Beast ».

Il existe une multitude de reprises de « Some Velvet Morning », notamment par Vanilla Fudge ou encore l’étonnante collaboration Primal Scream et Kate Moss. La version de Treponem Pal est tout aussi singulière. Béatrice Demi Mondaine prend la place de Nancy Sinatra et Marco Neves, en mode crooner, prend celle de Lee Hazlewood. Le duo improbable revisite la composition sous un nouvel angle. La Belle et la Bête sont réunis.

Beatrice Demi Mondaine – Photo Betty Klik

Dans les couplets, l’homme, dans un état vraisemblablement second, évoque Phèdre. La deuxième femme de Thésée, dans la mythologie grecque, tombe amoureuse de son beau-fils Hippolyte… Mais comme il la repousse, Phèdre provoque indirectement sa mort. Contradictions, mensonges, amour, influences, regrets, peur, paradoxes, infanticide … c’est du tragique. Peut-être sous l’effet de certaines substances, les paroles de Lee Hazlewood sont légèrement confuses. Il a quelque chose en tête mais ne l’exprime pas clairement. Il semble résigné.

Dans les refrains, la femme prend la parole. Elle évoque ce qu’une femme penserait. Autoritaire, elle change le rythme, se laisse désirer puis prend ses distances froidement. Elle se nomme Phèdre.
Le sens des paroles est énigmatique et de nombreuses interprétations restent possibles : simple évocation mythologique ? Sous-entendus d’ordre sexuels ? Révélation sur une supposée relation entre les deux interprètes ? Résultat d’un trip ? Nous n’en saurons pas plus.

Lee Hazlewood et Nancy Sinatra sèment volontairement le doute et laissent tout envisager. Du reste, l’oeuvre pourrait même comporter 2 chansons distinctes, 2 personnes différentes qui se rencontrent mais qui restent sur leur position, dans leur bulle. Et la structure musicale de la composition accentue cette ambiguïté : du 4/4 pour le couplet et du 3/4 pour le refrain… sans parler d’une instrumentation différente pour accompagner l’un et l’autre.

Malgré toute cette complexité, Some Velvet Morning est un Hit ! Presque 40 années après sa création, il a même été classé en tête de la liste des 50 meilleurs duos de tous les temps par The Daily Telegraph (2003).

L’album Rockers’ Vibes est disponible  ici
Marco Neves – Treponem Pal – photo Edith Gaudy
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