Matthieu Rosso Red Quartet nous a fait croire en un lieu. Il a construit un véritable décor en trompe l’œil. Faussement hésitant au début, maintenant nous tournoyons sans retenue. En 10 minutes, avec « PANDORA’S BOX », il a savamment développé notre curiosité. Nous voulons savoir ce qu’il y a derrière cette paroi. Nous sommes plongés au cœur de l’album NO MONSTER.
Le guitariste Matthieu Rosso signe tout le répertoire de son quartet aux accents très électriques et qui surprend par la masse sonore déployée : l’utilisation d’effets électroniques par les musiciens donne l’impression de décupler le son du groupe, de sorte que le « Matthieu Rosso Red Quartet » n’a de « quartet » plus que le nom ! NO MONSTER s’inscrit résolument dans le présent du jazz, notamment grâce aux apports du saxophoniste Denis Guivarc’h, à la basse électrique tellurique de Jean-Philippe Morel, aux qualités de gestion de l’espace du batteur Rafael Koerner et à la grande rigueur dans l’écriture au service du collectif de Matthieu Rosso.
Après quelques touches de rock expérimental ou quelques incursions de rock progressif, la direction du groupe peut tout à coup changer pour laisser place à une écriture rythmique complexe et organique. Les références à Aka Moon ou Steve Coleman sont perceptibles et parfaitement assumées.
Dans «Flexible», par exemple, le pattern de guitare est conservé à l’identique durant plusieurs minutes, alors que la rythmique s’amuse à brouiller les pistes et les vitesses. Quant à la ligne de basse, elle évolue progressivement puis explose dans un riff final qui évoque en filigrane un célèbre titre d’un groupe de grunge. Sur «Mass Euphoria», l’improvisation collective disparaît au profit d’une rythmique qui se resserre, qui cadre l’ensemble avec des lignes de basse dans l’extrême grave, grondantes et inquiétantes. L’auditeur s’installe alors dans un groove lancinant, puis un changement de tempo apporte un regain d’énergie et laisse place à une nouvelle improvisation échevelée, entre Steve Coleman et Meshuggah.
MATTHIEU ROSSO RED QUARTET livre avec NO MONSTER une fusion riche et dense, un véritable Objet Sonore Non-Identifié.
Matthieu Rosso a aussi joué avec Alexandra Grimal, Philippe Renault, Jérôme Rateau, Sylvain Romano, Mathias Alamane, Gautier Garrigue, Laurent Mignard, Anne Pacéo, David Prez, Simon Tailleu, Raphaël Imbert, Xavier Bornens, Fred Galiay, Soo-Bin-Park…. En marge du jazz, il a participé à un projet de danse contemporaine avec le chorégraphe Emilio Calcagno au sein de la compagnie du ballet Preljocaj. Il a également composé plusieurs musiques pour le théâtre, et a co-dirigé un projet de poésie sonore avec le poète Stéphane Korvin.
Avec une nouvelle équipe, Denis Guivarc’h au saxophone, Rafael Koerner à la batterie et de nouveau Jean-Philippe Morel à la basse, Matthieu Rosso Red Quartet enregistre un deuxième album «No Monsters» durant l’été 2014. Les compositions de Matthieu Rosso sont surprenantes. Dans des temporalités assez réduites, par exemple, cohabitent des passages très libres et collectifs, avec, en arrière plan, des passages écrits. Les solistes peuvent s’exprimer dans la plus grande tradition du jazz mais on retrouve aussi quelques accents pop… puis la direction change d’un coup pour laisser place à une écriture rythmique plus complexe.
La construction des œuvres de Matthieu Rosso est en tout point originale. Un patern de guitare, encore par exemple, peut être conservé quasiment à l’identique pendant toute la durée d’un titre, alors que la rythmique s’amuse à brouiller les pistes et les vitesses. La ligne de basse évolue progressivement pour finalement exploser dans un riff final au goût de «Smell like teen spirit» de Nirvana. Ici, la technique d’écriture pour la guitare et le saxophone est particulière, il s’agit de reprendre une mélodie entendue auparavant mais en tronquant certaines notes, pour donner l’illusion d’une nouvelle métrique.
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